Pourquoi le frelon asiatique est un problème pour les abeilles ?

Contexte

Historiquement, il existe une seule espèce de frelon en France, le frelon européen Vespa crabro. En 2022, une autre espèce de frelons appelé frelon oriental Vespa Orientalis présent dans le sud de l'Europe (Grèce, Italie) à été aperçu dans les Bouches du Rhône. Ces deux espèces de frelons ne sont pas considérés comme espèces invasives.

En 2004, le frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax, a été introduit en France dans la région bordelaise lors d'une importation de poterie. Au fil des années, le climat correspondant à son développement, il s'est étendu sur tout le territoire français et ses pays frontaliers. Cette espèce est répertoriée comme espèce exotique envahissante en 2022 et un plan de lutte national est établi.

Le mode de prédation du frelon asiatique

Le frelon asiatique à une méthode de prédation plus offensive que le frelon européen. En effet, celui-ci effectue des vols stationnaires (semblable à un hélicoptère) devant les ruches et attrapent les butineuses rentrant de vol. Il les coincent entre ses pattes et les tuent à coup de mandibules derrière la tête. Il se pose ensuite sur une branche à proximité, découpe la tête et l'abdomen pour ne conserver que le thorax qui est riche en protéines pour nourrir les larves. 

Le frelon européen est également un prédateur pour les abeilles mais est moins persistant. Il peut être vu sur les ruchers mais n'étant pas patient, il part sans rester devant s'il n'arrive pas à attraper d'abeilles.

Mais ce qui impacte le plus les colonies d'abeilles est le stress que cela provoque. La pression que le frelon exerce sur la ruche (parfois plus de 15 individus devant chaque ruche)  est le principal problème, plus que le nombre d'abeilles qu'il peut emmener. De plus, de part sa période de prédation, car une colonie de frelons asiatique est au plus fort de son activité en fin d'été (en général de début Août jusqu'au mois de novembre selon les régions), ce qui nécessite de gros apports en protéines pour nourrir les larves, protéines qu'il trouvent donc en chassant les abeilles mais également les guêpes, papillons, mouches et autres insectes.

Quoi de mieux qu'une ruche, que le frelon asiatique considère comme "un supermarché" !

De son côté pour les colonies d'abeilles cela pose de grosses difficultés car la fin d'été est une période très importante pour sa survie. En effet, la période après la récolte d'été est considéré par l'apiculteur comme l'une des plus importante (si ce n'est la plus importante), car c'est à ce moment là que la colonie prépare son hivernage. Les apports en pollen et nectar permettent à la reine de continuer sa ponte afin d'avoir une population d'abeilles d'hiver importante ainsi qu'une réserve de miel suffisante pour passer l'hiver. Mais si l'abeille est stressée par la présence du frelon, elle ne sort pas de la ruche et donc les apports diminuent, la sauvegarde de la colonie est alors menacée.

Sur une ruche, la présence de 5 frelons en vol stationnaire va diminuer l'activité des colonies de 40%, au delà de 15 frelons l'activité diminue d'environ 80%.

Les abeilles asiatiques Apis cerana à la différence de nos abeilles en Europe Apis mellifera est qu'elles ont co-évoluer avec les frelons, elles ont donc une technique de défense que nos abeilles n'ont pas.

Le cycle biologique du frelon asiatique

Le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax est un insecte diurne, c'est-à-dire qu'il cesse toute activité durant la nuit. Contrairement à ce que l'on peut penser celui-ci n'est pas agressif, sauf lorsque l'on s'approche de trop prêt du nid (moins de 5 m), il cherchera à le défendre.

Il est comme tous les Hyménoptères, c'est à dire que les ouvrières (femelles stériles) sont issues d'oeufs fécondés et les mâles d'oeufs non fécondés. En fin d'automne, la reine pond la nouvelle génération de frelons sexués (mâles et femelles) pour l'année suivante.

Les reines ayant survécus à l'hiver sortent en début de printemps pour fonder un premier nid appelé nid primaire (de la taille d'une orange), généralement construit dans un endroit protégé des intempéries extérieures (abri de jardin, préau ect). Elle pond quelques oeufs qu'elle nourrie et soigne elle même.

Environ 1 mois et demi plus tard, les premières ouvrières seront assez matures et capable de s'occuper de la construction du nid et l'entretien de la colonie. La reine consacrera alors le reste de sa vie à la ponte. Au début de l'été (Juin/Juillet), la colonie quitte le nid primaire pour construire un nid secondaire, beaucoup plus gros puisqu'il peut atteindre plus d'un mètre de diamètre pour certains. Celui-ci sera la plupart du temps construit en hauteur dans un arbre (parfois à plus de 20 m de haut), mais il peut également être construit dans des buissons, une ruche abandonnée, des compteurs d'eau ect. C'est généralement avec des nids nichés à hauteur d'hommes qu'il se produit des accidents. 

A la fin de l'automne, seules les femelles fécondées (futures fondatrices) quittent le nid pour aller hiverner seules ou par petits groupes dans des endroits à l'abri du froid (troncs, litière ect). Celles-ci ressortiront en fin d'hiver (fin février) pour fonder un nouveau nid. Un nid à l'automne peut élever plus de 500 fondatrices et autant de mâles. Le reste de la colonie ainsi que la vieille reine mourra en fin d'automne début d'hiver.

Une colonie de frelons asiatique produits environ 13 000 individus par an pour une consommation de 97 000 insectes ce qui représente environ 11 kg. 

Cycle biologique du frelon asiatique

sources : MNHN - https://frelonasiatique.mnhn.fr/biologie/